© UTMB

Quand la tête prend le relais : l’importance de la préparation mentale chez les coureurs

30/01/2025 22:19

La préparation mentale est un aspect crucial mais souvent négligé de l’entraînement, particulièrement pour les coureurs. Que ces derniers soient amateurs ou professionnels, leur état mental peut jouer un rôle déterminant sur leur performance et leur bien-être global. Loin d’être une capacité innée, un « bon mental » se travaille et se renforce, et ce processus est accessible à tous.

Le mental intervient systématiquement dans la performance, qu’il s’agisse de franchir la ligne d’arrivée d’une simple course locale ou de viser l’excellence au niveau international. Pour les runners amateurs, la préparation mentale peut sembler être un luxe réservé aux athlètes, mais cette pratique offre en réalité des bienfaits considérables à tous les niveaux de pratique. L’un des défis majeurs pour les amateurs est de surmonter le refus de la difficulté qu’ils peuvent rencontrer. Cela se traduit par des pensées qui incitent à croire que l’on ne possède plus le « jus » pour avancer davantage, que l’abandon est la seule option viable. Pourtant, les recherches actuelles montrent que travailler son mental permet de surmonter ces moments de blocage, que ce soit par des techniques de visualisation, de respiration, ou de méditation. C’est ce qu’explique Anne Fourié, coach mentale chez Happyperf et préparatrice mentale de Baptiste Chassagne, 2ème à l’UTMB 2024 : « Le mental joue un rôle essentiel dans la gestion des émotions pendant des moments de doute et de fatigue intense, là où le corps pourrait nous pousser à abandonner. Je définis donc la préparation mentale comme l’acquisition d’outils qui permettent d’optimiser les habiletés cognitives et la force mentale. »

© UTMB

« Les blocages sont souvent inconscients, c’est là que la préparation mentale intervient »

Anne Fourié s’occupe de coureurs professionnels mais aussi d’amateurs, dont les difficultés sont multiples : « Les coureurs amateurs viennent me voir pour arriver à gérer leur stress, surmonter leurs angoisses nocturnes en trail ou encore stabiliser leur équilibre pro / perso fragilisé. Les blocages sont souvent inconscients, c’est là que la préparation mentale intervient. Avec le sportif, on va utiliser des techniques pour comprendre ce qu’il se passe dans leur tête et débloquer les peurs, afin que tout fonctionne sur le terrain. » Pour faire taire cette petite voix négative, Anne liste avec ses clients tout ce dans quoi ils sont compétents à l’entraînement ou en compétition : « Le cerveau a tendance à ne connaître que ses faiblesses pour éviter tout danger et rester dans sa zone de confort. On est tous capables de faire une liste de nos défauts, mais énumérer nos compétences, c’est plus dur. » La préparation mentale agis donc dans la prise de conscience du sportif sur ce qu’il sait faire, en construisant des phrases types qu’il pourra se répéter dans les moments de difficulté. Par exemple, lors d’une grosse phase de doute en descente nocturne, un traileur va pouvoir se rappeler de son entraînement et se dire « je sais le faire, j’avais assuré la semaine dernière » et reconditionner son cerveau pendant l’effort.

+ 11 %
D’endurance gagnée chez un sportif qui a recours à la préparation mentale

La préparation mentale des coureurs professionnels : l’élément différenciateur

En sachant que le mental peut représenter 20 à 30% de la performance, la préparation psychologique n’est plus une option mais une quasi-nécessité chez les athlètes de haut niveau. L’intérêt accordé à la psychologie sportive s’est intensifié dans les années 1970, grâce à des pionniers comme Timothy Gallwey, qui ont démontré que le contrôle mental et la maîtrise de soi étaient tout aussi importants que la condition physique. Depuis, des techniques comme la visualisation et les affirmations positives ont été intégrées aux routines d’entraînement des athlètes d’élite pour optimiser la gestion du stress, la confiance en soi, et, surtout, pour repousser leurs limites physiques. De manière presque fatale, un coureur qui néglige son état mental néglige une part de sa performance. La préparation mentale est une véritable science qui, en intégrant des concepts de psychologie cognitive et comportementale, aide les athlètes à identifier leurs freins et à inverser leurs croyances limitantes. Cette démarche devient une ressource essentielle pour les coureurs professionnels, qu’il s’agisse de préparer un marathon, un semi-marathon, un 10 km ou un trail. Outre la performance, il y a un autre aspect à travailler mentalement : la réussite. Pendant sa préparation à l’UTMB, Anne préparait déjà Baptiste à une victoire : « On sous-estime l’impact de la réussite, elle entraîne une pression supplémentaire. Il faut appréhender la partie médiatique et l’anxiété de performance qui suit. Avec Baptiste, on a énormément construit sur l’hypothèse qu’il allait réussir, parce que c’était hyper flippant pour lui de se dire que s’il faisait un podium à l’UTMB, il allait prendre un ras-de-marée. Ça a été le cas (rires) mais il était prêt, et ça l’a aidé à ne pas appréhender sa victoire. »

Jouer sur l’inconscient et le contrer

Pour Anne, le cerveau doit se libérer des schémas de pensées négatives, apprivoiser la fatigue, et voir dans chaque défi une opportunité de grandir : « Il faut jouer sur notre inconscient et le contrer, sinon, on subit. Le rôle de notre cerveau est de nous maintenir en vie, c’est pour cela qu’un sportif à tendance à davantage ressentir les mauvaises sensations. Lorsque l’on sait que notre cerveau veut uniquement notre confort, on est capables de le contrer et lui apporter des idées positives et bénéfiques ». C’est ça la préparation mentale : être capable de réorienter ses pensées pour déclencher de nouveaux états mentaux. Autrefois taboue, cette pratique se démocratise désormais dans toutes les disciplines sportives. Les athlètes semblent comprendre qu’avoir recours à un préparateur mental n’est plus un signe de faiblesse, mais d’optimisation de la performance. Que l’objectif soit de franchir la ligne d’arrivée ou de se hisser au sommet d’un podium, un mental solide et entraîné devient un « verrou » qui, une fois débloqué, donne au coureur une nouvelle dimension de force et de résilience.

Avec Baptiste, on a énormément construit sur l’hypothèse qu’il allait réussir, parce que c’était hyper flippant pour lui de se dire que s’il faisait un podium à l’UTMB, il allait prendre un ras-de-marée. Ça a été le cas (rires) mais il était prêt, et ça l’a aidé à ne pas appréhender sa victoire.

Anne Fourié, coach mentale chez happyperf

30/01/2025
Team For The Planet : Manon Trapp et Hugo Hay, engagés pour l’environnement
Environnement
Team For The Planet : Manon Trapp et Hugo Hay, engagés pour l’environnement
15/01/2025
Strava, la course aux Kudos et la reconnaissance sociale
Strava, la course aux Kudos et la reconnaissance sociale
09/01/2025
« Slow Running » : la nouvelle clé de la performance ?
« Slow Running » : la nouvelle clé de la performance ?
Voir plus
Inscrivez-vous
à notre newsletter
Pour examiner votre demande, nous traitons vos données personnelles. Pour plus d’informations, consulter notre Politique de confidentialité.