Jason Pointeau, Florian Caro, Yohan Durand : leur Marathon de Paris vu de l’intérieur
Le tir groupé des athlètes élites français. Respectivement 15e, 16e et 17e du Marathon de Paris 2025, Jason Pointeau, Florian Caro et Yohan Durand ont livré un effort héroïque sur les pavés parisiens pour venir à bout d’un parcours aussi mythique qu’exigeant. Quelques minutes à peine après avoir franchi la ligne, ils nous ont livré à chaud leurs sensations.
✔ Une immersion au cœur de leur course, entre douleur, stratégie de course et fierté.
| Jason Pointeau : prof d’EPS le lundi, pemier Français du Marathon de Paris 2025 le dimanche

Malgré un emploi du temps bien chargé, entre vie de famille et son métier de prof d’EPS dans un lycée, le gujanais de 36 ans parvient à enchaîner les semaines d’entraînement à 200 km. En décembre dernier à Valence, il avait battu son record personnel en courant 2h10’35. Tout simplement hors norme. Ce dimanche, il a livré une performance de grande classe sur le Marathon de Paris en finissant premier français avec un temps de 2h13’36. Mais c’était loin d’être une promenade de santé.
« Franchement, c’était très dur. J’ai eu des mauvaises sensations du début jusqu’au 30e. Je me suis dit que j’allais vivre un long marathon… mais j’y ai toujours cru, je n’ai jamais lâché. »
Jason Pointeau
Jason a tenu bon. Sa grosse préparation a payé, au fil des kilomètres il sent que les jambes tiennent et que le mental encaisse. Et dans les derniers kilomètres, c’est la tête qui prend le relais. Porté par la foule, il donne tout et finit très fort sur les deux derniers kilomètres (allure de 2’57/km). « C’est presque dans les dix derniers que j’ai lâché les chevaux. Être premier Français derrière Hassan, c’était un peu le petit rêve perso du jour. Je kiffe bien les deux derniers kilomètres. » On l’informe alors qu’il est bien le premier français (après l’abandon d’Hassan Chahdi), « Pour moi, c’est une petite fierté. Ça fait plaisir. C’est super ». Ce titre officieux de premier Français résonne fort dans le cœur de cet amateur passionné, qui confie envisager… un 100 km dans un futur proche. « Je crois que j’ai envie de long. De tester un 100 km route, de voir ce que ça donne. Me tabasser sur des séances rapides, ça me plaît de moins en moins. Donc je vais refaire un marathon dans quelques semaines pour mettre mon corps à l’épreuve à nouveau.»
| Florian Caro, le breton qui rêvait de marathon devant sa télé

Il a grandi avec les images du Marathon de Paris dans la tête, le regard tourné vers les foulées des grands champions, depuis son vélo d’ado. Ce dimanche, Florian Caro a bouclé la boucle dans les rues qui lui ont transmis l’amour de la distance reine.
« Le Marathon de Paris, c’est une course magnifique. C’est elle qui m’a donné envie de poser le vélo pour me mettre à la course à pied. On traverse toutes les émotions : au début, on s’ennuie presque, puis ça devient dur, il faut s’accrocher… Heureusement, la foule est là tout au long du parcours pour te pousser. »
Florian Caro
L’athlète du Stade Brestois a partagé une grande partie de sa course avec Jason Pointeau et également son ami Yohan Durand, un modèle de longévité pour lui.
« C’est vraiment un exemple pour beaucoup. C’était un plaisir de faire 34 bornes avec lui. On n’entendait que des “Allez maître Yodu !” pendant toute la course. ». À l’arrivée, le breton signe une solide 16e place au scratch en 2h13’50, à quelques secondes seulement de son record personnel, sur un tracé qu’il juge particulièrement exigeant : « Le parcours de Paris, c’est au moins une à deux minutes de plus que sur un marathon plus roulant ». Il garde un petit goût d’inachevé : « Un petit regret de ne pas avoir envoyé un peu plus sur la fin… mais franchement, j’ai eu de bonnes sensations. C’est encourageant pour la suite. » L’objectif est déjà en ligne de mire : un marathon d’automne, plus rapide, pour tenter d’aller chercher un gros chrono.
| Yohan Durand, porté par les encouragements jusqu’au bout de l’effort

Il était l’un des visages attendus du marathon. Le public parisien ne s’y est pas trompé, et il l’a senti à chaque foulée.
« Le public m’a vraiment boosté. Vu mes sensations… si ça n’avait pas été Paris, j’aurais peut-être abandonné. Mais là, je ne pouvais pas. »
Yohan Durand
Yohan Durand, alias « Maître Yodu », boucle ce Marathon de Paris 2025 en 2h14’44, 17e au scratch et troisième Français, après une course où il a puisé loin dans ses réserves : « Au niveau du cardio, j’étais super bien. Mais musculairement, j’étais vraiment dans le dur. Et avec le vent, surtout sur les quais, c’était comme courir face à un mur. ». Dès le 25e kilomètre, les signaux sont clairs : ça va être long. Une alerte à l’ischio, des relais de plus en plus durs à prendre… mais il s’accroche à ses deux compagnons du jour, Jason et Florian, jusqu’à Boulogne. « J’ai mis un petit coup de frein à main pour finir. J’étais à deux doigts de la crampe ». Il était venu chercher mieux mais malgré tout, il n’a jamais pensé à abandonner. C’était Paris, et il était venu pour se tester : « Je voulais faire un marathon difficile. Me challenger. Et aller au bout. Maintenant, cap sur un parcours plus roulant à l’automne, peut-être Berlin ou Valence, pour aller chercher un chrono. »
Trois histoires, une même passion, et un profond respect entre ces trois athlètes qui ont tout donné sur les pavés parisiens. Du rêve d’enfant de Florian Caro, à la résilience de Jason Pointeau, en passant par les crampes de Yohan Durand, chacun a mené son combat. Tous sont unanimes pour souligner l’ambiance incroyable du Marathon de Paris, portée par un public en feu. Car le running, c’est aussi ça : de l’effort, des frissons, et des émotions à partager. Et ce dimanche, les supporters ont vibré avec eux, jusqu’au bout de l’effort.