Marathon de Paris : L’élan d’espoir de Louise et Léontine
Ce dimanche 13 avril, Louise et Léontine ont franchi la ligne d’arrivée du Marathon de Paris. L’une est valide, l’autre est en fauteuil roulant, mais lorsque l’on se tient devant elles, la différence disparaît face à une force de vie inébranlable. Unies par le sport, elles poursuivaient deux objectifs clairs : transmettre un message d’espoir et lever le tabou du handicap.
Il y a ce lien inexplicable que l’on ressent entre Louise et Léontine. À la veille du marathon de Paris, au salon Run Experience, les coéquipières sont confiantes : « C’est bon, on y est, les dossards sont récupérés », souffle Léontine. Ambassadrices du marathon de Paris 2025, les deux amies Belfortaines ont un parcours personnel rythmé d’épreuves. Léontine est une ancienne basketteuse de haut niveau qui n’a pas pu réaliser son rêve : jouer en équipe de France. Louise, quant à elle, est handicapée de naissance. Elle est atteinte par un spina bifida, une malformation de la colonne vertébrale souvent associée à une paralysie des membres.
Après avoir couru le semi-marathon de Belfort en septembre 2024, le duo handi-valide n’avait qu’un objectif : doubler la mise. Très vite, l’idée de courir un marathon prend forme : « À la base, je voulais faire ça pour mes 25 ans, Paris est arrivé comme une évidence, c’est la ville de tous les possibles. Mon papa nous accompagne dans cette aventure, c’est la pièce qu’il nous manquait », explique Léontine. Pendant quatre mois et demi, elles se sont entraînées 5 fois par semaine, encadrées par un coach : « Pendant notre préparation, on est passées par tous les états possibles. La première étape ça a été le doute, de savoir si j’étais en capacité de le faire, si j’allais réussir à donner les coups d’élan quand Louise en aurait besoin. Puis il y a eu le mois de décembre, le coup d’arrêt. Le corps de Louise ne répondait plus, on a dû tout revoir. » Sans relâche, Léontine a continué à s’entraîner seule sans jamais baisser les bras : « Mentalement, il a fallu s’accrocher, mais je savais que Louise allait revenir plus forte que jamais. »
| « Je veux traverser la ligne d’arrivée debout »
Pendant la course, chacune a son rôle. Léontine donne le premier élan et Louise se pousse seule sur les parties roulantes. Les coéquipières ont choisi de tout faire au ressenti et se basent sur la lecture du corps : « Quand je sens que Louise va moins bien, je viens derrière elle. Et quand elle sent que je flanche, elle me le fait savoir. Notre lien repose sur la confiance totale », explique Léontine. La main dans celle de son amie, Louise ajoute : « Je veux traverser la ligne d’arrivée debout, et je suis sûre que je vais réussir. Ce qui m’a tenue sur ces quatre mois et demi de prépa, c’est de visualiser ce moment où Léontine me tiendra la main pour me lever grâce à sa poigne. »
« Ça résume tout ce qu’on est et tout ce qui se dégage de nous. Je vais donner à Louise le premier mouvement sur les champs, elle donnera le dernier mouvement debout. On est ensemble , en fait, personne n’est handicapé dans notre duo. » souligne Léontine.
« Ça résume tout ce qu’on est et tout ce qui se dégage de nous. Je vais donner à Louise le premier mouvement sur les champs, elle donnera le dernier mouvement debout. On est ensemble , en fait, personne n’est handicapé dans notre duo. »
Léontine Peter
| Un élan commun : briser les frontières du handicap
Derrière ce défi, il y a un message clair : faire évoluer les mentalités. Au-delà du chrono et de la performance, c’est un combat pour l’inclusion du handicap dans la société que les deux sportives viennent mener : « On veut casser le tabou du handicap. On est juste deux sportives qui courent de manière différente. Tout est encore très inaccessible, il faudrait juste allier les deux mondes pour trouver des solutions. D’ailleurs, on ne voulait pas partir dans le sas handisport demain, on voulait partir avec tout le monde. » Louise continue : « On veut juste qu’une personne qui nous voit se dise : moi aussi je peux le faire. »
Et si leur duo inspire, c’est sans doute parce qu’il est sincère. Les deux jeunes femmes avancent ensemble, à leur manière, et montrent que l’effort partagé a un pouvoir immense. Demain matin, elles seront aux côtés des 56 950 coureurs du marathon de Paris, et elles sont prêtes.
| Un marathon bouclé en 5h02’27 secondes
Louise et Léontine sont venues à bout de leur premier marathon en 5h02’27 secondes. Comme prévu, Louise l’a terminé débout, aux côtés de Léontine et son papa : « Tout s’est aligné pendant la course, tout ce pour quoi on a travaillé durant 4 mois. Pendant ces 42,195 km, ce qui a résonné en moi, c’est qu’il ne faut jamais cesser d’y croire. Terminer debout est le plus beau message que je puisse transmettre. Léontine ajoute avec émotion : « Tout a été fluide : nos discussions, notre anticipation, la force du public, et ce dernier mouvement debout. Le message est passé, ça a été du vrai sport, celui qui rassemble. »
Le duo ne s’interdit rien et poursuit son projet avec un défi de taille : boucler un triathlon en septembre 2025. Louise conclut « Comme pour le marathon, on y va ensemble. Il n’y a pas de limite à ce qu’on peut accomplir ».