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Loréna Meningand, première Française du Marathon de Paris : « Mon secret, c’est de n’en faire qu’à ma tête »

Marathon
16/04/2025 23:27

Première Française au Marathon de Paris ce week-end, Loréna Meningand a créé la surprise mais aussi l’engouement. Cette coureuse solaire s’est pourtant décidée à courir la distance reine sans préparation spécifique, et ce seulement deux semaines avant l’échéance. La jeune femme s’est adjugée une superbe marque en 2h36’33, synonyme de nouveau record personnel. Son parcours atypique ne rentre décidément pas dans les standards du commun des athlètes.

Son seul mot d’ordre, le plaisir, partager sa passion avec ses amis et la bonne humeur.


« J’ai commencé la course à pied en 2021 après les multiples confinements, quand on a enfin pu ressortir », se remémore Loréna Meningand, qui a fait sensation ce week-end au Marathon de Paris (première Française en 2h36’33.) « J’avais envie de prendre l’air après avoir été obligée de rester chez moi, donc j’ai testé la course à pied. » Celle qui est née en banlieue parisienne dans les Hauts-de-Seine était alors loin de son douter qu’elle venait de se lancer dans une folle aventure qui ne risque pas de s’arrêter de sitôt. Pendant deux ans, la jeune femme de 28 ans enchaîne les footings, seule, d’abord une fois par semaine, puis deux, puis trois, puis quatre. La genèse d’une passion dévorante pour la course à pied est née. « Je ne faisais que des footings, pas du tout de travail d’allures ou d’intensité. Au début, je faisais une sortie hebdomadaire de 8 km, et j’essayais à chaque fois de courir le plus vite possible. Quand on commence, c’est assez marrant parce qu’on court tout le temps à fond », s’amuse la sportive.

« Rejoindre un groupe, ça s’est fait un peu du hasard », rigole l’athlète du Harbat Running Lab. « Pendant un week-end, je suis partie faire un footing avec un ami, qui connaît le fondateur du Harbat Running Lab (Adam Belkacem), un tout petit groupe d’une quinzaine de personnes. Il m’a proposé de les rejoindre. J’ai fait ma première séance de fractionné en septembre 2023 avec eux, au stade Émile Anthoine. C’était très sympa, j’ai adoré courir avec du monde, donc je suis restée. Depuis, le groupe a énormément grandi, maintenant on est plus de 100 coureurs à la piste le soir ! » Loréna Meningand s’entraîne réellement depuis… un an et demi, période à laquelle elle découvre le fractionné, les séances spécifiques, les sorties longues. La coureuse s’aligne dans la foulée pour sa première course en décembre 2023, le 10 km de la Tour Eiffel (36’00, 6ème femme). Un résultat motivant qui lui ouvre l’appétit. « Je participe à pas mal de courses depuis un an maintenant, j’ai notamment pris part au Marathon de Copenhague, à plusieurs semi-marathons, deux fois à celui de Paris justement, puis le Marathon de Paris la semaine dernière. »

| Un Marathon de Copenhague bouclé en 2h38’05

Pour Loréna Meningand, rien ne semble inatteignable ou impossible. Quand son groupe débute une préparation marathon de quatre mois en janvier 2024, en vue de Copenhague, la jeune femme se laisse tenter. « J’avais fait la prépa du 10 km avec mon club, ça s’est super bien passé, donc j’ai suivi pour le marathon de Copenhague. On faisait nos sorties longues ensemble tous les dimanches, on enchaînait avec des brunchs, c’était trop bien de partager cela avec d’autres personnes. C’était aussi les premières fois que je courais 5 à 7 fois par semaine, avec beaucoup plus de volume »

La néophyte à l’enthousiasme débordant voit ses efforts récompensés dans la capitale danoise. Après un premier semi réalisé à l’allure prévue (3’50/km), voyant qu’elle se sent bien, la jeune femme accélère la cadence et termine avec un beau négative split de deux minutes (2h38’05). « Tout s’est bien déroulé, la leçon avait été apprise, elle a été récitée. Cette première expérience a été incroyable. C’était super dur quand même, je me suis dit, plus jamais ! Sur cette distance, il faut tellement dépasser ses limites », tempère l’athlète. « Et puis finalement, il y a eu Paris un an après… ».

En début d’année 2025, l’élève d’Hugo Sedefian souhaite s’investir de nouveau dans une préparation marathon. Finalement, la runneuse ne parvient pas à se motiver pour réitérer l’expérience, même si elle accompagne une amie qui prépare le Marathon de Boston. Sans toutefois travailler sa propre allure, même si l’athlète sent des progrès par rapport à l’année précédente, sans pouvoir les estimer. « Je n’étais pas très en forme, je n’avais pas envie d’avoir la pression de préparer une course. J’ai tout de suite abandonné en janvier, tout en poursuivant mes entraînements, sans le travail spécifique. Après le semi de Paris, la forme est revenue, donc j’ai eu l’idée de tenter le Marathon de Paris à fond, pour voir ce que ça allait donner. »

« Je me suis lancée au dernier moment avec l’idée que je n’avais rien à perdre, en plus c’était à la maison, j’avais juste à chausser les baskets un dimanche matin. J’étais curieuse du résultat, et finalement je suis agréablement surprise du résultat. »

Loréna Meningand

Sa spontanéité prend donc le pas : deux semaines avant l’échéance, c’est décidé, elle sera sur la ligne de départ du Marathon de Paris. « J’ai commencé à l’affûtage », ironise la licenciée du Harbat Running Lab. « Je m’entraîne en continu, donc bien sûr que j’avais fait du volume et que j’étais entraînée mais je n’avais pas du tout préparé spécifiquement le marathon ni une allure. Ça a changé l’expérience, ce n’était pas du tout comme mon premier marathon. Je n’avais aucune idée de la vitesse à laquelle je pouvais tenir. Je suis partie avec les lièvres en 2h35 parce qu’il y avait un gros groupe donc j’ai voulu tenter (3’40/km.) Mais j’ai lâché au bout de huit ou neuf kilomètres, parce que ça allait trop vite. Je me suis retrouvée assez seule pendant tout le reste de la course, j’avais l’impression que j’allais craquer à tout moment, je me demandais à quel moment j’allais abandonner », détaille cette dernière.

L’envie de mettre le clignotant est forte, mais Loréna Méningand s’accroche sur ce parcours qu’elle juge difficile. Portée par ses proches et son club, l’intéressée poursuit son chemin de croix sans faillir. L’expérience est différente et beaucoup plus douloureuse que Copenhague. « Cette fois, je n’ai pas du tout accéléré au deuxième semi-marathon je crois même que j’ai ralenti, c’est la première fois que ça m’arrive. J’ai limité la casse, j’ai commencé à profiter vers le kilomètre 34 ou 35 en m’encourageant, je me répétais, c’est bientôt terminé, on envoie tout, on donne tout ce qu’il reste. » La récompense, un nouveau record personnel en 2h36’33, et une place de 1ère Française sur ce prestigieux évènement. « Je me suis lancée au dernier moment avec l’idée que je n’avais rien à perdre, en plus c’était à la maison, j’avais juste à chausser les baskets un dimanche matin. J’étais curieuse du résultat, et finalement je suis agréablement surprise du résultat. »

| L’engouement du public envers l’athlète

Loréna Meningand a été très touchée par la foule de proches et d’inconnus massés en nombre pour crier son nom dans les rues parisiennes, mais aussi par les chaleureux messages post-course. « Comme je me classe première Française, il y a eu un engouement énorme sur les réseaux ! J’ai été inondée de notifications, j’ai reçu des tonnes de message, c’était un peu la folie après la course. Je porte aussi les chaussettes roses de mon club, j’ai été énormément encouragée par les gens qui reconnaissaient le Harbat Running Lab. C’est incroyable de courir à domicile, l’ambiance était folle. »

La Parisienne au sourire communicatif est une adepte de l’autodérision, qu’elle n’hésite pas à utiliser sur ses réseaux sociaux (@lorenathletics sur Instagram.) Une spontanéité et des éclats de rires qui plaisent beaucoup aux internautes. « Je fais pas mal de blagues sur mes gammes, ma foulée, et les gens se prennent au jeu. Adam a mis une vidéo de moi en train de boire pendant le marathon, je crois qu’il y a un peu plus de 2 millions de vues, c’est assez fou l’engouement sur les réseaux. Je reçois beaucoup de messages positifs, ça me fait trop plaisir. C’est bienveillant, les rares commentaires un peu marrants comme « t’as une foulée pourrave », nous, notre club, ça nous fait rire ! »

Un capital sympathie qui a attiré la prestigieuse marque Suisse ON, avec qui la licenciée du Harbat Running Lab a signé un contrat d’ambassadrice il y a quelques semaines.

| Une vie de parisienne à 1000 à l’heure, un passé de nageuse, Loréna Méningand ou l’excellence incarnée

La marathonienne apprécie courir dans la ville Lumière, qu’elle arpente tous les jours lors de ses sorties running. Cette dernière n’hésite pas à taguer Anne Hidalgo dans ses publications, pour vanter la beauté de la capitale. Son terrain de jeu, Boulogne, Vincennes pour les sorties longues ou encore les Quais de Seine, la piste Émile Anthoine ou Paul Faber, mais aussi la salle de sport. Celle qui a grandi en banlieue parisienne cours tous les jours, en moyenne 120-150 km par semaine, trois fois avec son club (séance piste, du seuil et sortie longue), avec une à deux séances de renforcement musculaire en salle.

Le tout, avec un emploi du temps professionnel chargé. La coureuse est consultante pour les banques et assurances dans le secteur de la finance depuis cinq ans. « C’est assez intense, mes semaines sont millimétrées, c’est travail à temps plein, entraînements, manger, dormir et puis on recommence. Au club, j’ai rencontré des personnes qui ont le même mode de vie que le mien et la même passion, ce qui me permet de lier l’aspect performance mais aussi social. » Cette hyperactive optimise ses journées au maximum pour mener à bien ces deux vies bien remplies. Travailler toute la journée n’est pas un obstacle. Pour éviter de perdre du temps, Loréna Meningand préfère rentrer du bureau en courant, « plutôt que de perdre une heure dans le RER. » En télétravail, cette dernière profite de sa pause méridienne pour s’entraîner, avant de reprendre en mangeant devant l’écran.

Cette discipline et ce niveau de performance, la jeune femme ne la doit pas au hasard. Jusqu’à ses 16 ans, la championne pratiquait la natation à très bon niveau, avant de d’arrêter pour se consacrer à ses études. Elle compte d’ailleurs plusieurs participations à des Championnats de France de natation. « J’ai arrêté la natation et le sport en général parce que j’ai intégré une classe préparatoire à l’ENS, puis une école de commerce (EDHEC Business School, où elle a été major de promotion). J’y ai d’ailleurs plus fait la fête que le sport. Ce n’est qu’en fin d’école, en post Covid, que j’ai repris, par du renforcement à la maison, puis par la découverte de la course en fin de confinement. »

| La flamme de la course à pied

« Quand je passe une journée nulle et que je suis de mauvaise humeur, je sais qu’un footing va tout changer et que ça ira mieux après. C’est la « running therapy » si on peut dire. »

Loréna Meningand

La course à pied, Loréna Meningand a tout de suite accroché. « Pour la sensation qu’on a après », confie l’intéressée. « C’est vraiment un flow, une sensation de bien être indescriptible. Quand je passe une journée nulle et que je suis de mauvaise humeur, je sais qu’un footing va tout changer et que ça ira mieux après. C’est la « running therapy » si on peut dire. Au début, je cherchais surtout le dépassement de soi. Quand j’ai débuté et que je ne faisais que du footing, je partais à fond et je finissais KO, je comparais mes propres allures sur Strava à chaque fois que j’y retournais, je faisais la course. Maintenant, je cours tout le temps, par plaisir, et pas spécialement dans le but de progresser. J’en ai besoin, tout simplement. »

Sa distance préférée ? Le semi-marathon sans hésiter, le format sur lequel elle prend le plus de plaisir. La jeune femme connaît son potentiel sur le marathon, qu’elle explique par sa capacité à tenir une vitesse constante très longtemps. « Le 10 km, c’est trop court pour moi, je crois que mon allure c’est presque mon allure semi, je n’ai vraiment pas de vitesse », argumente la passionnée. A relativiser tout de même, en démontre ses récents records en 16’51’42 sur 5000 m (Saint Maur des Fossés, 2024), 34’16 sur 10 km (Paris, 2024) et 1’13’30 sur semi-marathon (Paris, 2024). Vous avez dit, pas rapide la marathonienne ?

Loréna Meningand ne nourrit pas spécialement de rêves sportifs, sauf le fait de « profiter, prendre du plaisir, progresser, sans avoir de pression ou de compte à rendre. » La néophyte développe. « C’est pour ces raisons que je me décide toujours à la dernière minute. Actuellement, je n’ai aucun dossard de prévu, aucune course en tête. J’ai envie de courir au feeling, selon la forme et l’humeur du jour. Peut-être que je ne sais pas gérer la pression, mais je n’ai pas envie d’en avoir. Mon truc à moi, c’est de n’en faire qu’à ma tête, de prendre du plaisir dans ma pratique et de profiter des copains ! »


Avec sa fraîcheur, son naturel désarmant et une bonne dose d’autodérision, Loréna Meningand bouscule les codes du haut niveau. Incarnant une autre vision de la performance, plus libre et plus joyeuse. Son histoire, née d’un footing post-confinement, rappelle que le plaisir peut être le moteur le plus puissant pour se dépasser. Et que parfois, chausser ses baskets sur un coup de tête peut vous mener bien plus loin qu’on ne l’imagine.

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