StravArt, ou l’art de dessiner tout en courant

Le GPS Drawing ou le StravArt consiste à réaliser des dessins avec le tracé de sa course à pied. Très développé dans certains pays, cet art s’implante doucement dans le paysage hexagonal avec quelques adeptes passionnés et passionnants.

Tout est parti d’une envie de se détacher des plans d’entraînements habituels et de s’extirper d’une certaine monotonie. “Je me suis mise à courir pendant le Covid et j’ai fait mon premier semi-marathon en 2022, à Paris. J’ai eu envie de courir autrement”, relate Emilie Yip, ingénieure de profession. En 2023, elle entreprend de courir le long des lignes de métro de Paris après avoir étudié le parcours souterrain de chacune des 14 lignes qui composent le réseau. “C’était cela ma sortie longue de la semaine pour la préparation de mon premier marathon. La plus longue c’est la ligne 8 avec ses 25km”, rigole la jeune femme qui s’amuse à publier ses tracés sur instagram.

A Lyon, Guillaume Lazert est piqué de GPS Drawing depuis quatre ans. Il découvre sur internet un challenge visant à reproduire les totems de Koh Lanta. Le trentenaire qui marche beaucoup se met au défi et la passion ne le quitte plus. Il débute par des dessins tout simples et très vite il explore la France entière. Le GPS Drawing devient alors un prétexte pour le voyage. “En 2023, en prémisse des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) j’ai fait les anneaux olympiques à Lyon sur 41km”, expose-t-il. Il décide alors de reproduire ce symbole sportif à travers toutes les villes de  plus de 100 000 habitants. “Tous les week-end je partais”, souligne ce féru de tracés. Nîmes, Lille, Marseille, Dijon, Avignon, Turin, Genève, Lausanne, au total il se déplace dans une vingtaine de villes en France et même à l’étranger.

| Le travail préparatoire

À ses débuts, pour mener à bien ses dessins, Guillaume, alias gl.gps.drawing sur Instagram, réalisait des captures d’écran avant de tracer sur le plan chaque point de passage. Du bricolage et une pointe de débrouillardise qui le mènent aujourd’hui à utiliser visu GPX, exporte sur google et ouvre dans google map. Son homologue féminine à Paris commence elle aussi avec google map. “Je me suis vite trouvée limitée en termes de points. J’utilise Strava premium qui a une fonction itinéraire. Je dessine depuis mon ordinateur avec cette fonction là”, assure Emilie Yip. 

| Du run, de la pâtisserie et des super mario 

Le StarvArt égaye tout en suscitant la curiosité. “Les équipes de Strava m’ont contactée et j’ai mis mon profil en public”, témoigne Emilie Yip, fascinée de raconter des histoires tout en courant. En 2024, elle décide de mettre à l’honneur la pâtisserie française avec une gourmandise à chaque sortie, entre janvier et juillet et ce jusqu’au Marathon pour Tous, le 10 août. Éclair au chocolat, tarte Bourdaloue, macaron et autres millefeuille donnent le tempo de chacune de ses sorties longues. Jamais rassasiée, Shot de caféine rechausse ses chaussures en décembre 2024 pour offrir à sa petite communauté un cadeau de noël. “Du 1er au 20 décembre chaque jour je faisais un tour de l’arrondissement. Le dernier jour, j’ai pu révéler un énorme escargot. Au total j’ai parcouru 222 km”, raconte cette passionnée qui aimerait monter un run club dédié au StravArt. En début d’année 2025, elle est partie à la conquête des GR de Paris et ne manque jamais de partager tout cela avec ses abonnés pour continuer de fédérer et qui sait, susciter de nouvelles vocations en running ou en StravArt.

Lorsqu’il cherche dans ses souvenirs, c’est indéniablement son Super Mario qu’il classe dans les tracés les plus complexes. “Je l’ai réalisé sur 110km dans les rues de Paris et pour arriver à ce résultat chaque détail à une importance cruciale”, explique Guillaume Lazert qui y passe tout son temps libre. Aujourd’hui cette passion lui a ouvert des portes d’un point de vue professionnel et il a pu changer de fonction au sein de son entreprise. À Lyon, depuis quelques semaines, il fédère un petit groupe autour d’un run mystère. Sur une dizaine de kilomètres, il les emmène sur un parcours qui, une fois achevé, dévoile un dessin en lien avec la date.

Une idée qu’il souhaite pérenniser pour que les gens prennent du plaisir à courir.