Team For The Planet : Manon Trapp et Hugo Hay, engagés pour l’environnement
Depuis quelques semaines, vous avez sûrement aperçu des sportifs sur les réseaux sociaux prendre part au projet Team for the Planet. Cette grande initiative citoyenne est une action qui unit les sportifs au skipper Sam Goodchild à l’occasion du Vendée Globe pour « donner de la force au climat. » Le principe ?
- 100 sportifs de haut niveau (athlétisme, ski, voile, alpinisme, football, rugby…) se relaient sur Instagram pour créer une grande chaîne de stories et ainsi inviter leurs communautés (entreprises, citoyens, associations, collectivités, fonds d’investissements) à agir contre le réchauffement climatique à l’échelle mondiale. Pour cela, chaque sportif du projet met en jeu un objet qui lui est symbolique, en lien avec sa carrière ou une expérience à ses côtés, pour inviter les communautés à investir pour le climat.
- Une action représente une chance d’être tiré au sort pour gagner un lot ou une expérience. Les fonds collectés permettent ainsi de financer des innovations majeures contre le réchauffement climatique. Cet investissement n’est pas un don puisque Team for the Planet fait en sorte que les participants puissent récupérer leur argent à 1€ pour 1€, si la trésorerie le permet.
- Ce projet a pour but de récolter de l’argent et de convaincre de gros investisseurs pour mettre en place 100 innovations mondiales contre les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, une des 13 innovations financées et déployées depuis 2020 consiste à produire de l’énergie décarbonée grâce à la puissance des vagues (coût : 800 000 euros.) En 5 ans, 34 133 795€ ont déjà été récoltés.
Manon Trapp & Hugo Hay, athlètes tricolores engagés
Marathons.COM a rencontré deux athlètes emblématiques du demi-fond et du fond français qui prennent part à ce projet pour l’environnement, Manon Trapp et Hugo Hay.
Manon Trapp, 24 ans, licenciée à l’Entente Savoie Athlé est 10 fois championne de France (cross, 3000 m, 5000 m, 10 km, 5 km.) La native de Sèvres possède déjà son actif 15 sélections en Équipe de France en plus de références impressionnantes du 3000 m au marathon. La studieuse athlète diplômée d’un master de Géographie détient trois médailles internationales par équipe (deux en bronze et une en argent) glanées à l’occasion des Championnats d’Europe de cross. En décembre 2023, à l’occasion du Marathon de Valence en Espagne, l’élève de Jean-François Pontier s’est adjugée une référence en 2h25’45 sur la distance. A cela s’ajoute un chrono en 1h04’04 sur 20km (2024.)
Hugo Hay, 27 ans, est un athlète très performant depuis les catégories jeunes, en démontre ses 19 sélections en Équipe de France. Aux Jeux olympiques de Paris 2024, le fondeur des Deux-Sèvres accède à la finale du 5000 m où il prend la 16ème place. Le triple champion de France Elite du 5000 m est aussi un spécialiste des cross. Il a remporté quatre médailles d’or par équipe à l’occasion des Championnats d’Europe de cross, mais aussi deux en argent, dont une individuelle et une en bronze, individuelle également. Le natif de Bressuire entraîné par Tim Moriau en Belgique est vice-champion d’Europe Espoir sur 5000 m (Gävle, Suède, 2019.) Le spécialiste du 5000 m détient un record en 13’02’62 (2023), mais aussi en 7’40’95 sur 3000 m indoor (2024) ou encore 1h01’43 sur semi-marathon (2024.)
Comment est-ce que vous avez été intégrés au projet Team for the Planet ?
Manon Trapp : Je suis les avancées de Team for the Planet sur les réseaux sociaux, et j’ai été interpellée par leur projet mobilisant les sportifs de haut niveau. Le principe est le suivant : pendant 100 jours, 100 sportifs font gagner un objet ou une expérience inédite pour chaque achat d’actions. Je me suis proposée pour communiquer sur ce projet et pour mettre en jeu un maillot de l’équipe de France.
Hugo Hay : J’ai été contacté par Team for the Planet par mail cet été, je pense qu’ils ont procédé de cette manière pour sélectionner des sportifs probablement impliqués dans l’écologie et le sport. Je ne connaissais pas du tout Team for the Planet au début, donc je me suis renseigné pour savoir ce dont il s’agissait après avoir été sollicité.
Qu’est ce que représente Team for the Planet pour vous ?
Manon Trapp : Team for the Planet, c’est pour moi une société qui œuvre concrètement pour le changement. Nous devons bien-sûr diminuer notre consommation, changer nos modes de vie, mais en même temps, face aux besoins de l’humanité, les innovations technologiques sont primordiales. Le projet Team for the Planet est justement de la rencontre entre les innovations et des entrepreneurs qui vont transformer…L’objectif est de faire rencontrer les innovations stratégiques et vertueuses pour la planète, avec des entrepreneurs capables de mener à terme des projets qui vont transformer notre quotidien et participer à la transition écologique. Les fonds permettent d’investir dans des innovations qui ont pour but d’éviter l’émission de millions de tonnes de co2. Je suis aussi séduite par son fonctionnement participatif. 97% des actionnaires sont des citoyens et particuliers, et seuls 3% des entreprises : ce qui montre bien que tout le monde peut être acteur du changement. Mais la contribution des entreprises représente 50% du financement, ce qui prouve l’impact important des entreprises. Je trouve qu’intégrer les acteurs économiques et les citoyens est une très bonne idée pour faire avancer les choses.
Hugo Hay : J’ai vu qu’ils menaient de vraies actions. C’est top parce que c’est de cette manière que l’on doit faire entendre notre voix, avec des actions concrètes. C’est pour cette raison que j’ai accepté. C’est intéressant de médiatiser ce sujet grâce à une multitude de sportifs de sports différents qui sont suivis par des communautés diverses, ce qui va toucher le plus de gens possible.
Quel lien entre l’engagement pour l’environnement, tes études de géographie et ton sport ?
Manon Trapp : J’ai fait des études de géographie en raison de ma curiosité pour le monde et les enjeux actuels. En prenant cette voie, j’avais pour objectif de travailler dans le domaine de l’environnement. Courir, c’est aussi une façon de se connecter, par l’expérience sensible, à l’environnement dont nous faisons partie, de prendre conscience de notre vulnérabilité et de la fragilité des espaces que l’on foule. Je pense qu’on finit toujours par tisser une relation avec les chemins quotidiens, et que cela peut contribuer à l’envie de les protéger. En tout cas, personnellement, j’ai envie de protéger ce que j’aime, à savoir le milieu où je m’entraîne, où je vis, auquel j’appartiens, soit, in fine, notre planète car tout est lié et imbriqué.
Quel est le rôle des sportifs dans cette cause ?
Manon Trapp : Les sportifs, par leur audience et leur pouvoir d’influence, peuvent faire un travail de sensibilisation du public et contribuer à changer les pratiques. Ils peuvent faire figure d’exemples inspirants dans notre société.
Hugo Hay : Le rôle des sportifs, au-delà de réaliser des petites actions individuelles et de changer certains comportements, est aussi le fait d’être suivis par des communautés et donc de pouvoir mettre en avant des causes qui nous semblent justes, que ce soit l’écologie ou des sujets de justice sociale. Les athlètes peuvent exercer cette sorte de pouvoir d’influence pour changer les comportements d’’un maximum de personnes. Le but peut être de sensibiliser mais aussi de pousser les communautés à donner de l’argent pour que des vraies actions puissent être réalisées parce que l’argent, c’est le nerf de la guerre. Voilà pourquoi c’est important pour nous, sportifs, de transmettre ces messages.
Est-ce que c’est important pour vous de travailler avec des partenaires engagés dans cette voie ? Vous êtes tous les deux engagés dans divers projets en faveur de l’environnement.
Manon Trapp : Oui car je suis consciente de l’impact de ma consommation, et je privilégie des partenariats respectueux de l’environnement et des hommes. C’est important pour moi de travailler avec des personnes et des entreprises avec lesquelles je partage les mêmes valeurs.
Je suis ambassadrice et bénévole à l’association Mountain Riders, qui est une association d’information, de sensibilisation et d’éducation à la transition écologique en montagne. Je participe dans mon temps libre à la création de “fiches actions”, qui ont pour but d’essaimer les pratiques vertueuses et transformatrices sur les territoires de montagne, en particulier les stations de ski.
Hugo Hay : Je travaille déjà avec la MAIF qui a tourné toute sa stratégie sport vers le sport-planète, donc pour essayer de rendre les compétitions sportives plus vertes ainsi que d’engager des réflexions sur les manières de diminuer l’impact carbone des grosses compétitions. Je suis content de pouvoir travailler avec des entreprises comme celle-là. Dans ma recherche de sponsors, c’est l’un des éléments que je mets en avant pour pouvoir travailler avec des entreprises vertueuses au sujet de l’écologie ou autre, c’est important.
Qu’est ce que vous avez mis en place à votre échelle pour lutter contre le réchauffement climatique ?
Manon Trapp : J’essaie pour ma part de faire des compromis. Par exemple, pour le marathon de Séville, je n’ai pas d’autres choix que d’y aller en avion pour limiter la fatigue et me mettre dans les meilleures conditions de performance. Mais pour le retour, j’ai décidé de faire 17h de train et de mettre deux jours pour rentrer chez moi, en payant le triple du prix que m’aurait coûté un billet d’avion.
J’ai également préféré faire appel à un lièvre local qu’à un lièvre kényan. Je privilégie les courses en France et en Europe. Puis dans mon quotidien bien sûr je fais des efforts pour réduire mon empreinte carbone (manger local, privilégier le vélo pour les déplacements courts, prolonger la vie des appareils en réparant, achats d’occasion.…)
Hugo Hay : A mon échelle, je mets en place les petites actions du quotidien : manger local, de saison, faire le tri, diminuer les trajets en voiture, privilégier le train, m’habiller avec des marques éthiques pour les vêtements de la vie de tous les jours… Ma plus grosse action, c’est de limiter l’avion au maximum. L’an dernier, j’ai couru la plupart de mes compétitions à des endroits que je pouvais rejoindre en train. Je ne suis pas allé à Monte Gordo, aux États-Unis ou en Afrique du Sud pour privilégier des stages dans des endroits accessibles par voie ferrée, de manière à limiter mon impact carbone.
Le deuxième point qui m’importe, c’est de porter une voix pour que cette écologie devienne structurelle, pour que des plans d’actions soient mis en place et soutenus par le plus de monde possible. L’objectif, c’est de pouvoir donner l’opportunité au maximum de personnes de s’investir dans la « vraie » écologie et de changer les mentalités, même si tout cela prend du temps.
Des projets dans ce sens pour l’avenir ? Comment rendre d’athlétisme plus « vert » selon vous ?
Manon Trapp : Après ma carrière de sportive, je projette d’avoir une profession qui œuvre pour la protection de l’environnement et de la biodiversité.
Rendre le sport plus vert est un sujet assez complexe car nous sommes inscrits dans un système sportif mondialisé, qui nécessite de nombreux déplacements fortement émetteurs de gaz à effet de serre. Je pense qu’il faudrait prendre conscience de notre impact, reconsidérer ses pratiques, et de faire des choix en conséquence. Cela peut être privilégier les compétitions locales, limiter les compétitions internationales à celles qui sont le plus importantes pour quand même réussir à mener à bien notre carrière. C’est l’idée de faire moins mais mieux. Puis dès que c’est possible, se diriger vers l’alternative la moins polluante. Tous les acteurs ont un rôle à jouer, que ce soit par exemple de proposer des prix attractifs pour les mobilités douces, le train…
De plus en plus d’organisateurs n’offrent plus de goodies avec l’achat du dossard et suppriment les petites bouteilles d’eau, c’est la marque d’un progrès qui va dans ce sens. On pourrait imaginer que les organisateurs de courses s’engagent dans un programme d’amélioration continue, en faisant au préalable un diagnostic et puis un plan d’action de réduction de leur impact (ce peut être dans le domaine de l’hébergement, le ravitaillement, les mobilités, etc). Après, il y a toute une réflexion sur la hiérarchie des valeurs et le monde dans lequel nous voulons vivre demain. Quel est le coût écologique acceptable pour la performance et le sport en général ?
Hugo Hay : J’aimerais poursuivre au mieux ce que j’essaie d’entreprendre et de continuer à porter encore plus cette voix pour sensibiliser ma communauté. Pourquoi ne pas participer à des groupes de réflexion sur comment rendre les grands évènements sportifs plus verts ? Par exemple, il existe des pistes de réflexions comme limiter les déplacements des spectateurs grâce à la création de grandes fanzones dans d’autres pays pendant les grands championnats.
Vos prochaines échéances/objectifs pour la saison à venir ?
Manon Trapp : Le marathon de Séville où j’aimerais faire le meilleur temps possible !
Hugo Hay : Je suis malade depuis fin octobre, je suis en train de reprendre l’entraînement tout doucement. Je repars de très loin, donc je vais m’entraîner petit à petit pour retrouver mon niveau et une dose d’entraînement normale d’ici un mois et demi. L’objectif, c’est de courir cet été mais je n’ai pas encore trop de vision pour le moment par rapport à mon planning.