Top 5 des marathons qui s’offrent… au plus petit nombre
On se félicite souvent de la réussite populaire de la course à pied et de son ouverture au plus grand nombre. Il n’empêche : la rareté continue à séduire, à fasciner… et parfois à diviser. Quand on pense marathon, on imagine des foules compactes, des ravitos bondés et une ambiance électrique. Pourtant, certains événements défient totalement cette image. Des courses polaires aux défis absurdes dans une micro-nation, ces courses ultra-confidentiels rassemblent tout au plus quelques dizaines de participants triés sur le volet.
➜ Jusqu’où peut aller la quête d’exclusivité dans le running ? Entre exploits sportifs, élitisme assumé et controverses écologiques, voici un (petit) tour du monde des marathons les plus secrets et les plus exclusifs de la planète… où finir dernier est parfois une victoire.
| 1. The Barkley Marathons (Tennessee, États-Unis)
Commençons par une course prestigieuse et unique. Une légende même dans le milieu de l’ultra trail. Sous l’impulsion de son créateur, génial ou pervers selon les avis, Gary Cantrell, la course est tentée tous les ans par une quarantaine de coureurs sélectionnés pour leur capacité. Depuis 1986, Lazarus Lake, le surnom de Gary Cantrell, fait tout pour proposer un véritable cauchemar aux rares participants… Seuls 15 finishers sont à signaler depuis la création de la course. En 2024, Jasmin Paris, devint la première femme à terminer la course, très exigeante en terme de temps limite. Elle a sans doute été « motivée » par cette vidéo datant de 2015 dans lequel Gary évoque ce qu’il présente comme un « fait » : « elles ne sont simplement pas assez fortes pour le faire« . Jasmin l’a fait, offrant à Lazarus la possibilité d’être moins misogyne et rétrograde…

Pour rappel, la course s’étend sur 160,9 km et compte… entre 18k et 24k de dénivelé selon les éditions ! Des chiffres juste vertigineux, qui dépassent toutes les références les plus folles que l’on connait. La distance est répartie sur cinq tours, à parcourir en une durée maximale de 60 heures (soit 12 heures par tour en moyenne). Les coureurs ne bénéficient d’aucune assistance et ils doivent composer uniquement avec leur carte et leur boussole pour se diriger, les GPS et altimètres étant prohibés… Ah on allait oublier : le parcours n’est pas balisé. De nombreuses éditions ne comptent aucun finisher ! C’est simple, avant 1994 personne n’avait fini la course. Bon on arrête le massacre, et on accepte bien volontiers que la course soit exclusive. Merci Gary !
| 2. North Pole Marathon (Spitzberg, Norvège / Pôle Nord)
Le North Pole Marathon est l’un des événements les plus exclusifs – et controversés – du monde de la course à pied. Se rendre sur le site internet de la course peut être déjà une épreuve en soi pour un peu que l’on soit sensible à certaines valeurs. Car si courir sur la banquise, avec des températures descendant sous les -30°C, relève de l’exploit sportif, on peine à voir le futur de la course à pied dans cet entre-soi. La fonte des glaces est avérée, n’y-a-t-il pas quelque chose de puéril à aller courir au pôle nord pour la photo ? On se rapproche des questions éthiques autour de la montée de l’Everest, toujours plus saccagé par les explorateurs en quête de gloire. Entre vols en hélicoptère et impact sur un environnement fragile, cette course soulève des questions éthiques évidentes : un tel événement a-t-il encore sa place à l’ère du réchauffement climatique ? Il faut de tout pour faire un monde mais là… Nul doute que l’expérience doit être inoubliable, mais le prix à payer est élevé. Au sens figuré pour la planète comme au sens propre pour les participants !
| 3. Antarctic Ice Marathon (Antarctique)
L’Antarctic Ice Marathon est le frère jumeau du North Pole Marathon, mais dans un décor encore plus hostile : vents violents, isolement total et un paysage de glace à perte de vue. Sur le site internet de l’organisateur, on ne peut que se délecter des images magnifiques offertes par la course. Avec seulement une cinquantaine de coureurs annuels, c’est l’un des marathons les plus confidentiels au monde. Malheureusement, les questions sont nombreuses autour d’un tel évènement, son organisation nécessitant des vols cargo et une logistique lourde en plein continent blanc. Comme pour le pôle nord ou l’Everest on nage en plein paradoxe : des amoureux de nature qui s’offrent un défi unique… mais peu durable. Souhaitons que les pionniers le restent. Et tant pis pour nous.
| 4. Great Wall Marathon / édition privée (Chine)
Le Great Wall Marathon standard attire des milliers de coureurs, mais il existe une version « privée », réservée à une poignée de privilégiés, souvent des célébrités. Loin, très loin de la Chine populaire… Loin des milliers de participants à ce marathon prestigieux. Pour accéder à la course « VIP », il faut tout d’abord bénéficié du parrainage d’un coureur ayant participé à une édition antérieure. Les services délivrés durant l’évènement sont hauts de gamme, destinés à un public habitué des fastes. Le prix d’entrée est inavouable : les rumeurs tournent autour de plusieurs centaines de milliers d’euros. Est-ce que cette rareté fait rêver les coureurs ? Pas sûr. Ce marathon soulève une autre question : est-ce que le Bling Bling fait rêver ? A moins que pour les organisateurs de cette version luxe, ce soit une autre façon de voir le ruissellement économique.
| 5. The Sealand Marathon (Principauté de Sealand)
Pour finir, on embarque sur la froide mer du Nord en direction de l’Angleterre. A quelques miles nautiques de la côte, en face d’Ipswich, se trouve une ancienne plateforme offshore militaire. Pas vraiment une île paradisiaque… Figurez-vous qu’en 1967 cette construction sur la mer a été annexée par Paddy Bates qui l’a érigé en nation ! La principauté de Sealand n’est pas reconnue par la communauté internationale mais propose tout de même la nationalité à qui veut, moyennant finances bien sûr. Un homme a été attiré par ce bout de métal sur l’eau. Simon Messenger, grand amoureux de course à pied et auteur du blog Around the world in 80 runs, s’est lancé en 2015 le défi de courir un semi-marathon à Sealand, avec l’appui du prince régent Michael Bates, fils de Paddy Bates, décédé en 2012. On vous laisse imaginer ce que c’est de courir sur une plate forme grande comme un cours de tennis au milieu de la mer du Nord, pas vraiment la plus accueillante. Charming ? So British 🇬🇧.