Pierre Morath

Free to Run : Rencontre avec Pierre Morath, l’homme derrière le film culte

Interview
28/01/2025 15:27

Si vous n’avez pas vu « Free to run », il est encore temps. Ce superbe documentaire, qui a reçu un bel accueil critique et spectateurs à sa sortie, nous emmène découvrir l’histoire de la course à pied et de sa démocratisation à travers quelques pionniers, aux États-Unis mais aussi en Europe. Retour sur ce film sorti en 2016, avec son réalisateur Pierre Morath.

Fred Lebow, Kathrine Switzer, Noël Tamini, Steve Prefontaine… Des noms qui ne vous disent peut-être pas grand chose, mais qui résonneront peut-être fort en vous pendant quelques temps après le visionnage du documentaire Free to run. Ces quatre personnes sont les personnages principaux de ce documentaire « pensé comme une fiction » selon Pierre Morath. Et effectivement, on est transporté en tant que spectateur par leurs histoires, leurs destins, qui prennent racine dans les années 60-70. Kathrine Switzer ? La première femme à avoir participé officiellement à une course (photo ci-dessus, où elle se fait littéralement agressé par un des organisateurs du marathon de Boston). Fred Lebow ? Organisateur mythique du Marathon de New-York et visionnaire. Steve Prefontaine ? Un sportif qui s’est battu pour ses droits. Ces femmes et ces hommes ont écrit à leur manière l’histoire de la course à pied telle qu’on la connait aujourd’hui.


Vous sentez-vous plus réalisateur ou coureur ?

C’est une bonne question… (sourire). J’ai commencé assez tôt la course à pied dans ma jeunesse et cela a été très important dans ma vie, jusqu’à une grave blessure qui m’a empêché de poursuivre ce chemin (Ndlr, Pierre Morath était parmi les meilleurs coureurs de fond suisse et visait une participation aux JO d’Atlanta). J’ai mis ensuite toute mon énergie dans des études d’histoire et de journalisme et je me suis mis écrire et faire des films. Aujourd’hui je je cours moins mais je continue à entraîner des amateurs et des professionnels. La course à pied guide toujours ma vie. Mais si dois répondre à la question aujourd’hui je me sens plus cinéaste que coureur…

Comment est né ce projet de documentaire ?

C’est une longue histoire… Au début des années 2000, après ma blessure et dans le prolongement de mes études de journalisme, j’ai beaucoup écrit sur l’histoire du sport en général. J’ai été amené à écrire sur l’histoire de la Course de l’Escalade, une des courses à pied les plus populaires de Suisse (47ème édition en 2025), qui se court à Genève. Et c’est en m’intéressant à cette course que j’ai découvert les futurs personnages de mon film. Même si j’étais ado dans les années 80, à l’époque je ne connaissais pas Spiridon, le magazine créé par Noël Tamini dont on parle dans le film. J’ai découvert l’histoire de Kathrine Switzer, Fred Lebow, Noël Tamini, Steve Prefontaine… A l’origine le documentaire devait aussi laisser une place à Bill Bowerman, le fondateur de Nike, mais on a du faire des choix au montage. Quelques années se sont écoulées et puis finalement la possibilité de faire ce documentaire est arrivée en 2008. J’ai ensuite développé ma galerie de personnages. Ce film documentaire a été écrit comme un film de fiction.

La compétition fait partie de ma vie et j’ai envie de partager cet amour

C’est un film documentaire qui ressemble à un hommage…

Il y a de ça. Tous ces pionniers se sont battus pour courir, leurs parcours est incroyable. Bowerman, Lebow, Prefontaine, ce sont des personnes inspirantes, avec des mentalités extraordinaires. Je suis moi-même très sensible à la libre pensée, au côté protestataire, un peu rebelle… J’aime l’idée de faire tomber les barrières, comme Kathrine Switzer l’a fait. C’est sans doute pour toutes ces raisons que le film a reçu un si bon accueil et est même devenu culte pour certains. Il a un côté intemporel, il se regarde aujourd’hui comme on pouvait le voir en 2016. C’est un film sans âge.

Pierre Morath, sous les couleurs du CHP Genève où il entraîne © Bastien Gallay / Gallay Photo

Pouvez-vous nous en dire plus sur la notion de transmission, très prégnante dans votre vie ?

Oui c’est vrai. Que ce soit à travers mes films ou mon activité d’entraineur d’athlétisme, c’est une valeur importante pour moi. La blessure que j’ai vécu plus jeune m’a peut-être encouragé dans cette voie. La compétition fait partie de ma vie et j’ai envie de partager cet amour, tout en prêtant attention au bien-être, à la personne. J’essaye de redonner au sport ce qu’il m’a donné. Je continue à entraîner et j’adore ça. Je suis passionné par le développement personnel que le sport permet. Free to run était aussi une façon de boucler la boucle pour moi.

Vous avez un projet en cours ?

Oui, je suis en train de préparer mon premier long métrage de fiction. L’histoire d’un joueur de hockey sur glace en fin de carrière qui a du mal à arrêter. C’est un film autour de la transmission, des générations, de l’addiction aussi… Il devrait sortir en 2026.



Pour aller plus loin : Accédez ici au film documentaire « Free to run » de Pierre Morath, que l’on remercie pour l’interview.

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